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de Maria-Paz Santibañez révèle le guitariste guatémaltèque Luis Juárez Quixtán et la pianiste catalane
Imma Santacreu
DIMANCHE 8 AVRIL 2012
Paris, Villa Gaudelet, dimanche 1 er avril et samedi 7 avril 2012
Une nouvelle série de concerts est née à Paris cette saison sur l’initiative de la pianiste
chiloitalienne vivant en France depuis une vingtaine d’années, Maria-Paz Santibañez. […]
[…] Tout autre a été la prestation d’Imma Santacreu, le soir du Samedi-Saint. Cette jeune pianiste
catalane a le talent ensoleillé. Après de brillantes études au Conservatoire de Barcelone, elle a été
l’élève à Paris de Pierre Réach et Françoise Thinat, avant de suivre des master-classes de Marie
Françoise Bucquet et Ian Pace, entre autres. Installée à Paris en 2002, elle enseigne au Conservatoire
Henri Dutilleux de Maisons-Alfort et collabore avec de nombreux compositeurs, tels David Padrós, Jörg
Widmann et Hèctor Parra. De ce dernier, elle a enregistré le CD l’Aube assaillie en 2006 et Intérieur
Voix pour l’Atelier de Création radiophonique de France Culture diffusé en 2011. Elle a également
participé à la création de l’opéra Hamadoun de Guy Reibel en 2010. C’est dire combien cette musicienne
au jeu généreux et au toucher aérien qui exaltent des couleurs étincelantes et charnelles est engagée
dans la musique de notre temps.
Ce qui frappe dès les premiers instants de sa prestation de samedi, c’est son jeu délicat et sûr, la
position des mains et des bras (…), le jeu de cette superbe pianiste étonnamment délié et assuré, malgré
de petites mains et des doigts plutôt courts et graciles qui ne contraignent pourtant en rien un
nuancier d’une ampleur considérable qui lui permet d’interpréter un vaste répertoire. C’est en tout cas
ce qu’Imma Santacreu a pu démontrer dans un programme couvrant tout le XX e siècle, de la Catalogne aux
Etats-Unis, en passant par la France et l’Autriche.
Davantage dans l’esprit de sa compatriote Alicia de Larrocha que dans celui du Français Jean François
Heisser, les trois pages extraites des Danzas españolas que le Catalan Enrique Granados (1867-1916) a
composées entre 1892 et 1900 ont séduit par le toucher aérien et la souplesse rythmique de la pianiste,
à l’instar des quatre pièces tirées des Impressions intimes (1911-1914) d’un autre Catalan, Federico
Mompou (1893-1987), les deux premières aux élans romantiques, les deux dernières proches de Debussy,
particulièrement l’andante Pájaro Triste ( Oiseau triste ). C’est d’ailleurs sur le premier des deux
Livres d’ Images (1905) de Claude Debussy (1862-1918) que s’est achevée la première partie du programme.
Imma Santacreu y a affirmé sa grande capacité aux contrastes (...) avec son toucher liquide pour une
interprétation frémissante de sensualité et de rêverie, à l’instar de l’Hommage à Rameau , sobre et
inaltérable, et, surtout de Mouvement, où le fantasque et la précision requis par le compositeur dans ce
mouvement perpétuel plein d’humour et de fantaisie concordent avec le jeu généreux et sans fioriture de
la pianiste, au point qu’elle a choisi de le donner en bis à la fin de son récital.
La seconde partie du programme s’est ouverte sur l’impressionnant mouvement unique de la Sonate op.1
(1907-1908) d’Alban Berg (1885-1935) que la musicienne a jouée par coeur avec tant de naturel que la
partition est apparue plus naturellement pianistique qu’elle ne l’est en vérité, ce qui lui a permis
d’exalter sans retenue le climat expressionnisme et tristanien de l’oeuvre. Ce même climat porte la
première des Quatre miniatures pour piano qu’Hèctor Parra (né en 1976) a composées en 2005 dans un but
pédagogique. Dans ce recueil, la mélodie est reine mais les difficultés sont nombreuses, notamment dans
la dernière aux atours introspectifs et aux résonances debussystes. Le récital s’est achevé sur les
Trois préludes de George Gershwin (1898-1937) publiés en 1937 dans lesquels Imma Santacreu a pu attester
de ses qualités rythmiques (...) dans le premier, et de ses affinités avec la nostalgie du jazz dans le
troisième et du blues dans le deuxième, avec, dans ces deux dernières pièces, une main gauche grondante
et ferme et une main droite claire aux détachés étincelants et énergiques.